Série “Permaculture et métiers de l'image, quels rapports possibles ?” Episode 1 Observer & interagir

Ces derniers mois, je m'intéresse plus sérieusement à la permaculture…. et il était temps ! car cela me semble relier plusieurs choses sur lesquelles j'ai pu m'intéresser, me former et pratiquer depuis plusieurs années, notamment la systémie.

J'exerce mes activités au sein d'une coopérative, et ce mode de fonctionnement cherche à questionner régulierement le comment et le pourquoi de nos métiers, en lien avec nos aspirations et les changements sociétaux. Aussi je prends le temps d'explorer comment je peux appliquer les principes de la permaculture dans mes activités … Un peu comme un temps d’intégration de ce qui m’a été enseigné, mais aussi comme une mise à jour de comment je souhaite travailler.

Ceci est la première partie d’une série de posts…12 au moins 🤣

Le constat premier, mes réflexions ne sont vraiment pas les mêmes qu'une PME (et + grand) qui va tout autant réfléchir fonctionnement interne qu'interface interne-externe car je suis la seule salariées dans ma structure commerciale et je travaille avec un nombre restreint de clients (50-70 dans une année, maximum) donc ce contexte formate pas mal mes réflexions,


Le premier des 12 principes de Permaculture (tels qu'exposés par David Holmgren, le co-fondateur de la Permaculture) :


  1. Observer et interagir : 



    Quitter le mode Automatique, et prendre le temps d’observer mon client

    Dans une démarche de permaculture client et permaculture entreprise, il s'agit de faire un diagnostic initial afin de comprendre l'histoire, le fonctionnement, les valeurs, les croyances, le marché et le contexte de l'entreprise.. Je peux, à ce stade, observer les formes d'expression dont l'entreprise dispose.

    Prendre ce temps de collecte d’infos globales avant d'initier le projet, pour moi qui travaille souvent sur des échéances courtes, peut paraître fastidieux. Je suis sure qu'il est possible de décliner ce temps de diagnostique en 2 niveaux d'approfondissements.

    En tout cas, cette phase me semble bien utile avant de proposer mes suggestions de scénarios, de mise en scène, d'ambiance.

    Il s'agit plus que de l'écoute active, il s'agit d'aller à la pêche aux infos, à remettre en question ce que je peux penser savoir, avoir supposé, et ce qui était vrai avant mais ne l'est plus, voire ce que le client me dit mais qui mériterait d'etre revisité.



    Comment je le mets en action ?



    1. En mettant à disposition un outil : Une façon de le faire de manière non imposée, en donnant à mes clients la responsabilité / liberté de travailler en profondeur, est de leur mettre à disposition ces éléments de réflexion, un mélange de questions utiles, et des conseils et astuces dont mon expérience a confirmé la pertinence.

    Suite à cette réflexion, je me suis rappelée que j’avais crée sur mon site un espace dédié à la préparation de vidéos de pitch. C’est un espace complet, mêlant fond et forme, utile, que j’ai pour autant peu utilisé.

    J’ai pris le temps de le compléter d’éléments que j’ai transmis ces derniers temps, et d’élargir son champ d’action à quasiment toutes les prestations vidéos (à l’exclusion peut-être des vidéos événementielles) et j’ai mis en place un moyen de systématiser le partage de ce lien à mes clients.



    2. En décidant (ou pas) de créer un process plus impliqué / impliquant :

    Couteau Suisse attire des projets qui nécessite peu de pré-production, peu d’écriture aussi. Est ce une croyance de ma part que mes clients ne souhaitent pas prendre ce temps et n’ont pas le budget ? Peut être, et certainement une certaine part de mes projets auraient pu disposer de plus de ressources temps et argent pour une plus grande réflexion en amont.



    Ma réalité actuelle, c’est que je me rends compte que parfois j'ai des demandes déjà très bien formulées, notamment venant de chargé.e.s de communication. Aussi il est délicat de poser ces questions, car cela peut être vécu comme aller à reculons, puisque le travail a déjà été fait. Je me dis donc que, au delà de l'élaboration d'une liste de questions que je peux amener de manière naive (« juste pour que je comprenne tout »), il me faut penser à des exemples types pour lesquels ces questions de clarification deviennent des questions d'émergence, de révélation. C’est bien la qualité de ces questions et ce qu’elles peuvent mettre en lumière de nouveau, qui apporteraient une valeur ajoutée.



    Qu'est ce qui, en requestionnant, en revisitant ce qu'on pensait évident, absolu, fait changer la forme et/ou le fond du projet vidéo/photo/d'animation/de formation ?



    Lorsque j'énonce cela, je me dis plein de choses :

    ->> cela signifie que j'implique mes clients dans le process. Obvious hein ? Mais concrètement, c'est impliquant ! Imaginez par exemple imposer manger végé à quelqu'un pendant 1 semaine ? Ça peut le chambouler! Est ce que je pose cette démarche sur la table et leur demande s'ils sont partants ? Est ce que je m'engage sur cette démarche au point de refuser le projet s'ils ne veulent pas faire ainsi ? Est ce que je m'engage sur cette démarche en trouvant une facon de faire ou il m'est possible de continuer meme si le client ne rentre pas dans la démarche ?



    ->>>>>>>Qui a les moyens de suivre un tel process ? Le process n'est pas confortable car il peut nécessiter d’impliquer pas mal de gens ou de faire des choix “courageux”. Mes commanditaires, à l'heure actuelle, ne sont pas forcément (voire très peu souvent, à l'exception des entrepreneurs) les décisionnaires. Ils sont experts, stratèges, et/ou exécutants. C'est une info importante.

    Elle m'inspire des zones de crispation possibles : Encore trop souvent à l'heure actuelle, en entreprise, on a besoin ou on doit rendre des comptes, etre validé par sa hierarchie ou prouver sa valeur ou sa pertinence.



    Or, ce process implique de laisser ça de coté pour bosser ensemble et les exigences d'un tel processus sont :

    1. Etre confortable avec l'inconnu, la difficulté de ne pas savoir de suite le résultat final, ni meme comment on va s'y prendre, et faire confiance au processus.

    2. Etre confortable avec une facon plus lente de travailler. Choisir une logique moins rapide, une réflexion plus profonde, moins portée sur ce qu'on a fait avant, et plus sur ce qui pourrait etre fait aujourd'hui.

    3. Etre confortable avec le fait de faire ensemble, de ne pas avoir son idée personnelle choisie, ou qu'elle soit modifiée.



3. En proposant une ouverture et un pas de côté grâce à l’intelligence collective

Tout cela me fait penser à l'intelligence collective bien sur ! (« seul on va plus vite, ensemble on va plus loin”). Et en arrivant à cette idée, me vient la clé de “interagir”, et la “solution” aux difficultés que je perçois dans ma proposition d’un processus de “triturage” de projets vidéo : officialiser et promouvoir des temps d’intelligence collective où des parties prenantes identifiées comme utiles et diverses peuvent plancher ensemble sur les points les plus importants des projets vidéos ou photo avant leur production.

Des temps hybrides dans leur utilité : cohésion, sens au travail, convivialité, créativité, et démarche 360, puisqu’on peut imaginer faire interagir des personnes en charge des clients, de la R&D, de l’équipe commerciale, etc…

J’ai proposé, sur un temps d’une journée, un atelier de co-écriture de vidéo et je vois bien comment cela peut-être un cadeau précieux pour tous en terme d’expérience, et cela donne une vidéo qui répond précisément à des besoins affirmés, donc avec une efficacité constatée. Lorsqu’il s’agit de contenu pour les réseaux sociaux, il convient de travailler finement pour que les experts de la com’ restent quand même ceux qui ont une influence sur la forme car leur expertise est vitale.

Quitter le mode Automatique, et prendre le temps d’observer mon client

Une fois que j’ai pris le temps d’observer, de poser des questions, et d’écouter mon client, viens le temps d’appuyer sur pause avant de passer à l’action. “Qu’est ce que ce que j’ai entendu m’inspire ? Quelles idées me viennent ? Y-a-t-il des aspects qui me semblent pas congruents ou pas optimum ou autre ?”.




D’ailleurs ces temps introspectifs, et ces temps d’expression libre de ma créativité, puisque ce sont ces deux éléments qui interagissent là, sont nécessaires, sont des temps-ressource pour moi. Plus ça va, plus j’arrive à leur dédier un temps franc dans mes journées et mes semaines. Pour l’instant, je n’ai pas trop réussi à me les garantir en période de rush. C’est un peu les moments qui sont rognés voire qui passent à l’as !

Prendre conscience d’une autre de leur utilité peut m’aider à les conserver dans ces moments là !


Ma conclusion sur ce premier principe de permaculture appliqué à mes activités, c’est qu’il est utile de ralentir pour aller plus loin, vers des créations plus utiles. Ralentir permet de se poser les bonnes questions, plutôt de d’aller en mode automatique, vers ce qui est évident parce qu’il n’a pas été bien questionné, et pour faire émerger des réponses vraiment utiles et révélatrices.

Le prochain épisode se penchera sur le 2eme principe de permaculture : Collecter et stocker l’énergie. Un gros sujet pour la photographe réalisatrice que je suis !

Depuis 2015, Couteau Suisse Production révèle les récits qui parlent au public que les professionnels souhaitent atteindre.

Dans ses portraits pro, de vidéos style reportages métier, de formation à la vidéo avec smartphone, ou encore ses ateliers créatifs en utilisant l’intelligence collective, Couteau Suisse fait appel au storytelling, aka narration émotionnelle persuasive qui facilite le passage à l’action.

Le fil rouge de sa démarche est de mettre constamment en avant l’humain - si possible et pertinent - dans toute sa diversité et dans l’inclusivité.

Pour chaque accompagnement, l’expérience se veut complète : en ligne, pour se préparer avec des questions émergentes qui vont t’aider aller au coeur de ton message, puis ensemble, dans une ambiance ludique, créative, ouverte, non jugeante, avec un zeste de poil à gratter pour s’assurer qu’on est sûrs de nos choix, et enfin ensuite, avec un suivi léger, à la hauteur de ton besoin et de ta disponibilité et de ton envie.

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